Un flocon de neige rêvait de faire grand bruit, de provoquer un tintamarre, un scandale, voire un grand remue-ménage. Voilà comment il s’y prit.
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On lui avait raconté l’histoire mille fois, cette histoire qui commençait ainsi :
Un flocon de neige rêvait de faire grand bruit. De provoquer un tintamarre, un scandale, voire un grand remue-ménage. Voilà comment il s’y prit…
On lui avait dit. Ce conte, c’est celui de leur vie. Il devait lui servir d’objectif, il ne devait jamais l’oublier ! Il devait l’appliquer à la lettre. Mais Benjamin écoutait sans vraiment y prêter attention.
C’était une longue journée d’hiver. Il était le plus jeune de la famille, le plus petit, le plus frêle de tous les flocons. On lui demandait toujours de suivre le mouvement, d’être comme les autres, de rester dans le rang. Pour le protéger, disait-on. Leur heure viendrait mais une décision s’imposait. Rester au-dessus de la plaine et attendre que le temps soit assez froid pour leur donner une contenance, ou s’en aller vers les hauteurs où ils pourraient se mettre à l’aise tout de suite. Les aléas de la météo firent vite le choix pour eux. Le vent n’était pas à leur avantage. Ils devaient rester ici et espérer qu’ils pourraient bientôt s’échapper du nuage qu’ils occupaient depuis un certain moment déjà.
Benjamin n’était pas bien féroce. Tandis que ses frères et sœurs se voyaient conquérants au milieu de la tempête, bloquant camions, voitures, que sais-je encore, le long des routes enneigées, lui, semblait réfractaire à faire du tort aux humains. Et puis, il était réaliste, il n’avait pas l’envergure pour de tels projets, il serait vite perdu au milieu des autres. Il passerait inaperçu et il trouvait cette perspective assez triste. Alors voilà, c’était décidé. Lui, il ne ferait pas comme les autres. Quand le vent se leva enfin, il laissa le reste de ses congénères suivre leur chemin et les regarda s’éloigner avec tristesse. Ce n’était pas son destin à lui.
Luttant contre les airs, il trouva refuge auprès d’autres petits flocons comme lui. Il n’en avait jamais vu de tels auparavant et ils se trouvèrent bien ensemble.
De loin, Benjamin observait les sommets enneigés avec contentement quand finalement, le grand manteau blanc commença à s’étendre sur la plaine aussi. Les plus gros flocons étaient partis en éclaireur, couvrant à peine le sol, comme du sucre glace sur des gaufres liégeoises. Benjamin s’émerveillait. Ce serait bientôt son tour et il était prêt.
Dans le parc qu’il surplombait, entre les sapins, il pouvait apercevoir cet homme assis sur un banc se rapprocher. Il virevolta au dessus de lui. Il voulait entendre les mots de ce malheureux qui soupirait.
– Elle ne viendra pas ce soir…
Benjamin, ému, continua sa farandole autour de ce jeune homme, d’une vingtaine d’années, qui semblait s’amuser du spectacle qui s’offrait à ses yeux, malgré lui. Séduit, l’homme commença à jouer avec les petits flocons et même à danser avec eux. Il avait toute la vie devant lui, même si ce jour-là son cœur n’était pas à la fête. Il se mit à rire et à pleurer en même temps tout en chantonnant.
– Et tombe la neige… Impassible manège…
C’est ainsi que quand il toucha enfin le sol, Benjamin s’endormit satisfait. Plutôt que de faire le « buzz » aux informations nationales, il avait inspiré à cet artiste la douce musique de la vie. Et pour lui, c’était bien mieux comme ça.
On lui avait raconté l’histoire mille fois, cette histoire qui commençait ainsi :
Un flocon de neige rêvait de faire grand bruit. De provoquer un tintamarre, un scandale, voire un grand remue-ménage. Voilà comment il s’y prit…
On lui avait dit. Ce conte, c’est celui de leur vie. Il devait lui servir d’objectif, il ne devait jamais l’oublier ! Il devait l’appliquer à la lettre. Mais Benjamin écoutait sans vraiment y prêter attention.
C’était une longue journée d’hiver. Il était le plus jeune de la famille, le plus petit, le plus frêle de tous les flocons. On lui demandait toujours de suivre le mouvement, d’être comme les autres, de rester dans le rang. Pour le protéger, disait-on. Leur heure viendrait mais une décision s’imposait. Rester au-dessus de la plaine et attendre que le temps soit assez froid pour leur donner une contenance, ou s’en aller vers les hauteurs où ils pourraient se mettre à l’aise tout de suite. Les aléas de la météo firent vite le choix pour eux. Le vent n’était pas à leur avantage. Ils devaient rester ici et espérer qu’ils pourraient bientôt s’échapper du nuage qu’ils occupaient depuis un certain moment déjà.
Benjamin n’était pas bien féroce. Tandis que ses frères et sœurs se voyaient conquérants au milieu de la tempête, bloquant camions, voitures, que sais-je encore, le long des routes enneigées, lui, semblait réfractaire à faire du tort aux humains. Et puis, il était réaliste, il n’avait pas l’envergure pour de tels projets, il serait vite perdu au milieu des autres. Il passerait inaperçu et il trouvait cette perspective assez triste. Alors voilà, c’était décidé. Lui, il ne ferait pas comme les autres. Quand le vent se leva enfin, il laissa le reste de ses congénères suivre leur chemin et les regarda s’éloigner avec tristesse. Ce n’était pas son destin à lui.
Luttant contre les airs, il trouva refuge auprès d’autres petits flocons comme lui. Il n’en avait jamais vu de tels auparavant et ils se trouvèrent bien ensemble.
De loin, Benjamin observait les sommets enneigés avec contentement quand finalement, le grand manteau blanc commença à s’étendre sur la plaine aussi. Les plus gros flocons étaient partis en éclaireur, couvrant à peine le sol, comme du sucre glace sur des gaufres liégeoises. Benjamin s’émerveillait. Ce serait bientôt son tour et il était prêt.
Dans le parc qu’il surplombait, entre les sapins, il pouvait apercevoir cet homme assis sur un banc se rapprocher. Il virevolta au dessus de lui. Il voulait entendre les mots de ce malheureux qui soupirait.
– Elle ne viendra pas ce soir…
Benjamin, ému, continua sa farandole autour de ce jeune homme, d’une vingtaine d’années, qui semblait s’amuser du spectacle qui s’offrait à ses yeux, malgré lui. Séduit, l’homme commença à jouer avec les petits flocons et même à danser avec eux. Il avait toute la vie devant lui, même si ce jour-là son cœur n’était pas à la fête. Il se mit à rire et à pleurer en même temps tout en chantonnant.
– Et tombe la neige… Impassible manège…
C’est ainsi que quand il toucha enfin le sol, Benjamin s’endormit satisfait. Plutôt que de faire le « buzz » aux informations nationales, il avait inspiré à cet artiste la douce musique de la vie. Et pour lui, c’était bien mieux comme ça.
Exercice proposé par Pascal Perrat et mis en ligne sur son blog : https://www.entre2lettres.com/exercice-inedit-decriture-creative-274