Budapest

Catégorie : Romance, humour, instants de vie / Temps de lecture : 11min

Publié sur Short Edition, finaliste Prix du Court Automne 2016, grâce à vous 🙂

On se donne toujours rendez vous à 10 heures précises. À la salle de pause. On prend un café tous les quatre : Sylvia, Marc, Thierry et moi. On travaille dans des services différents mais ce moment-là, c’est à nous.

Thierry mon chef : service contentieux. Il a cinquante-trois ans, n’est pas sportif pour deux sous et il a la chance que ça commence seulement à se remarquer. Quelques rides naissent au coin de ses yeux, ses cheveux virent au poivre et sel… Bref, je vous l’accorde, le portrait que je vous brosse n’est pas très folichon mais habituellement, son sourire le sauve. Oui, habituellement, car là, ce n’est pas que je veux lui trouver des excuses, mais, en ce moment, pour lui, c’est difficile. Il est papa de deux grandes filles de treize et quinze ans et d’un petit garçon qu’il vient d’avoir avec sa seconde épouse. Conséquences directes des réalités énoncés ci-dessus : cerné jusqu’au cou, irascible… En résumé, un Thierry comme on n’en voudrait pas toute l’année. Ces derniers temps, le soir avant de m’endormir, j’essaie de chanter des berceuses à son fils par télépathie. Je veux retrouver le Thierry d’avant. Visiblement ça ne marche pas.
Sylvia : services achats. quarante-cinq ans. Elle a un fils unique de six ans. Toute sa vie. Son mari est un figurant. Il est rarement à la maison, il est routier. Dans le couple, c’est elle qui porte la culotte (et peut-être les jarretelles dans l’intimité mais cela ne nous regarde pas…). Elle est féminine jusqu’au bout des ongles. Brune, la frange rebelle, des yeux d’une couleur indéfinissable mélangeant la noisette et l’émeraude, elle sait toujours choisir la tenue qui la met en valeur. Tout le monde dit que dans dix ans, je serai son portrait craché. J’aimerais bien.
Marc : service juridique. Quarante ans. Marié, pas d’enfant. Ou alors pas légitime. Une maîtresse dans tous les ports. Mais seulement officiellement avec trois d’entre elles à la fois. Il me l’a dit, trois c’est un bon chiffre, il faut s’y tenir. Il est beau comme un dieu grec, le parfait croisement entre Bradley Cooper dans Happiness Therapy (pour les yeux) et Christian Bale (pour tout le reste). Inutile de lui résister, s’il vous veut, il vous aura. Il sait choisir ses proies. Les plus fragiles, comme moi.
Moi : trente-cinq ans. J’ai demandé mon changement de service quand la femme de Marc a commencé à avoir des soupçons. Je suis peut-être naïve mais pas inconsciente. Je préfère laisser le crêpage de chignons aux deux autres. Pour moi, le café, c’est aussi ce moment où quand on parle de choses et d’autres, parfois je peux sentir ce regard qui dit « moi je l’ai vue toute nue et pas vous, nananère ». Marc, c’est un pauvre con mais je suis sous son charme.
Ce matin, je me suis levée de mauvaise humeur. Dans ce cas-là, une seule solution. Écouter Budapest de George Ezra. Je me demande comment j’ai survécu jusqu’à présent. Cette chanson me fait un bien fou. J’ai regardé le clip sur un site de vidéos en ligne et je me demande comment un petit gars comme lui peut avoir une voix pareille. Vous l’avez vu ? Non ? Allez jeter un œil, ça vaut le détour (enfin je trouve).

8 h 45. J’arrive au boulot. C’est un open space. Moderne, coloré. Le designer a hésité longtemps entre le blanc, le vert anis, l’orange pétant et le bordeaux (cépage Merlot 2012) pour la déco. Finalement, il a mélangé tout ça. Dépressifs s’abstenir, vous risqueriez d’avoir la nausée. Pour les autres, ça va, on y survit. Par contre, pour l’intimité, on repassera. Personne n’osera jamais me le dire, mais on est tellement proches que, parfois, l’interlocuteur que j’ai au bout du fil entend plus les commérages de mes voisines d’à côté que ce que je suis en train d’essayer de lui expliquer. D’ailleurs, en général, dans ces cas-là, je me sens moi-même un peu perturbée (enfin, s’il n’y avait que dans ces cas-là…)
Bonjour Karine, bonjour Jennifer. Pas de réponse. Elles ont les yeux rivés sur l’écran, comme hypnotisées par quelque chose que je ne pourrais pas saisir. Je me répète. Quand le chef sort de son bureau, je comprends. Il est de mauvais poil et je constate que mes prières ne se sont pas exaucées. Officiellement, on n’avance pas assez vite. Ces dossiers doivent être bouclés ce soir. C’est Marc qui va être déçu. Je suis la seule célibataire sans enfant. Je vais devoir m’y coller. Dommage, aujourd’hui, j’avais mis mes escarpins rouges. C’est notre langage codé avec Marc. Si je porte quelque chose de rouge, c’est que je suis dispo pour la soirée. Si c’est noir, c’est tout le contraire. Je ne veux pas le voir. Honnêtement, ça arrive rarement. Ces derniers temps, je suis un peu fatiguée, je n’ai plus le goût de sortir entre copines. Je n’ai plus le goût à rien en fait. Le voir me change les idées. Ça m’évite de m’apercevoir que les journées passent et se ressemblent. Je me sens lasse. Je mets un casque sur mes oreilles et j’écoute à nouveau ma chanson fétiche, espérant qu’elle me remotivera un temps soit peu.
À 10 h, je confirme. Léo n’a pas fait sa nuit, Thierry me demande de rester ce soir. J’ai l’habitude. Mais ça ne durera pas. Bientôt, moi aussi, j’aurais une bonne excuse. Moi aussi, bientôt, je ne ferais plus mes nuits, j’espère. Eh oui, je ne vous l’ai pas dit ? Je suis enceinte de deux mois. J’ai arrêté la pilule l’année dernière. Je voulais un enfant mais pas m’encombrer d’un père. Je commençais à croire que ça ne viendrait plus et finalement… Marc n’est pas au courant. Évidemment que c’est lui le père ! Vous me prenez pour qui ? Je ne suis pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge ! D’ailleurs, bientôt, ce sera son anniversaire à Marc et j’ai eu une idée. Je me demande si je ne vais pas soulever mon tee-shirt, lui montrer mon petit bidon qui s’arrondira et lui asséner un « surprise ! » qui le fera changer de couleur. Non, je n’oserai pas. J’aurai trop peur de la crise cardiaque.
À vrai dire, je ne sais pas trop comment aborder la chose avec lui. Je n’attends rien de sa part. Je sais qu’il ne quittera jamais sa femme. Il n’envisage clairement pas de divorcer, elle est contre et ça m’arrange. Pour les finances, je me débrouillerai. Et pour le reste, je suis comme tout le monde, non ? J’apprendrai et je ne serai sûrement pas pire qu’une autre. Enfin…

Revenons devant la machine à expresso. Sylvia nous parle encore de Jules. Jules ceci, Jules cela. Vous vous rendez compte à quel point il est doué mon Jules et plus le temps passe, plus il progresse. C’est tellement meeeeerveilleux !!! Hummm oui. Merveilleux ? J’arrive pas à vraiment à me rendre compte, je n’ai jamais eu d’animaux de compagnie. Car oui, depuis quelques semaines, sur son bureau, une nouvelle photo des trois mâles de sa vie trône : son mari, son fils et son jeune labrador… Jules.
On se regarde avec Thierry et Marc mais on n’ose pas l’interrompre. Pourtant, il va falloir que ça s’arrête, je suis à la limite de ce que mes nerfs peuvent supporter. Donc deux solutions : soit je craque et je lui dis à quel point j’en ai ras la casquette de ces histoires en tous poils, soit je craque et… j’éclate de rire en pissant dans ma culotte (désolée pour ce détail pas très glamour, mais j’ai la vessie très sensible en ce moment). Dans tous les cas, je ne suis pas sûre qu’elle le prenne très bien. Je vois déjà le rictus de Thierry qui m’indique que lui aussi est sur le point de perdre patience. Ses insomnies ne l’aident pas à garder son sérieux. Marc, lui, en rajoute une couche, l’enfoiré. Comme si ce qu’elle nous racontait déjà ne nous suffisait pas. Il a toujours l’art et la manière dans ce genre de situations. N’empêche, ça détend.

Tout à coup, nous sommes interrompus par l’alarme incendie. C’est sûrement un exercice mais ça fait chier. J’ai beau râler, la pause café, c’est sacré. C’est vraiment une journée de merde. Même ça, on n’arrivera pas à le sauver. Pendant qu’on suit le protocole d’évacuation, Marc se frotte discrètement à moi. J’essaie de le prendre à part pour lui parler.
— T’as entendu Thierry ?
— Je peux venir te chercher et te ramener chez toi après.
— On n’a jamais fait ça.
— Non, mais il faut un début à tout.
— Un début ? J’ai l’impression que tu parles de nous comme d’un vieux couple.
— C’est pas ce qu’on est ?
Silence gêné de ma part. C’est vrai, je suis sa plus ancienne maîtresse (en durée de relation, pas en âge !). Surtout, j’ai toujours été la plus facile à vivre. Je n’ai jamais réclamé qu’il quitte sa femme, ni qu’il m’achète de beaux bijoux. Marc, c’est un ami avec qui je fais l’amour de temps en temps. Voilà.
Et puis, de toute façon, devant elle, Marc n’en mène pas large. Et moi aussi. Elle me fait flipper. Dès qu’une autre qu’elle approche son mari, on sent qu’elle est sur la défensive. Elle est d’une jalousie maladive. Je l’ai rencontrée une fois et je n’ai pas eu envie d’une deuxième. Je décelais comme des envies de meurtre dans ses yeux, avec les petits éclairs qui vous éperonnent alors que vous n’avez rien demandé. Oh, ce qui me rassure, c’est que ce n’est pas propre à moi. Elle est comme ça avec tout le monde, même s’il s’agit de la mamie qui habite le dernier étage de son immeuble ou de la caissière de l’épicerie du coin de la rue. On ne sait pas, quelquefois qu’elle lui demanderait de payer en nature.
Alors, on est d’accord, ça ne m’a pas empêché de remettre ça avec son mari mais on se voit moins souvent qu’avant. Je songe même à changer de boulot. Quand je serai en congé maternité, j’aurai tout le temps d’y réfléchir. Je pense que ce serait plus correct vis à vis de lui. Je ne sais même pas si je devrais lui dire que c’est lui le père. Peut-être qu’il ne demandera pas. Ce serait du mensonge par omission.

Nous allons devoir retourner travailler, il me regarde avec des yeux tristes. J’ai l’impression qu’il me cache quelque chose. Pourquoi tient-il tant à ce qu’on se voit ce soir ? Je le saurais bien assez tôt. Je n’ai pas pu lui refuser. Il viendra vers 21 h et si je n’ai pas fini, il attendra avec moi.

Pause du midi, j’ai à peine le temps pour un sandwich avec Jennifer. Jennifer, ses rondeurs, sa bonne humeur et les derniers potins. Je demande :
— Alors les nouvelles du jour ?
Elle prend un air grave.
— Ben, tu sais pas ?
— Quoi ?
— Marc du service juridique.
— Quoi Marc ?
Je m’inquiète. Il est malade. Il a le cancer, c’est ça. Mon sang ne fait qu’un tour. C’est bête mais même si a priori je ne veux pas de lui dans la vie de mon marmot, ça me ferait quelque chose de le voir disparaître vraiment. Et puis, il bosse bien. C’est important de savoir sur qui on peut compter dans la boîte et lui, c’est un des meilleurs. L’attitude ultra-sérieuse de Jennifer laisse soudainement la place à un large sourire moqueur.
— Sa femme l’a quitté. Et tu sais quoi ?
Finalement, je ris intérieurement à mon tour, m’attendant au pire.
— Non.
— Elle est partie avec son prof de dessin.
Oh le cliché ! La femme qui part avec son prof. Elle ajoute :
— Le cocu qui se fait faire cocu. J’adore ! Pas toi ?
— Si.
Ben oui, à force de jouer au con, on se fait prendre pour un con. Il n’y a pas de secret. Pour moi, ça ne change rien. C’est sûrement de ça qu’il veut me parler. J’ai peur. Cette nouvelle change la donne. Et s’il me proposait de vivre avec lui ? Je suis sa maîtresse depuis le plus longtemps. Il va peut-être vouloir se rabattre sur moi. Quelle horreur ! Je devrais annuler pour ce soir. J’ai la trouille de ce qu’il va me dire. Et la trouille de ce que je vais lui répondre. Je suis épuisée, mes hormones me travaillent. Je serais capable de lui dire oui quand il faut dire non, et non quand il faut dire oui, tout ça, sans m’en rendre compte.
Je lui envoie des messages dans la journée. Pas de réponse. Zut… Il le fait exprès ou quoi ? Mon dossier a du mal à avancer mais j’essaie de faire aussi vite que possible. Malgré tout, je constate qu’au fur et à mesure des heures qui passent, le soleil disparaît peu à peu derrière la grisaille. Je maugrée. L’entreprise se vide peu à peu de ses occupants. Je ne leur en veux pas mais le stress de ne pas en voir la fin me ralentit.

Finalement, il est 21 h. Marc arrive. Il a ramené des pizzas et quelques bières. J’apprécie volontiers la pizza, je meurs de faim. Mais je décline la bière pour d’obscures raisons évidemment. Il reste silencieux, faisant mumuse avec son téléphone pour me laisser travailler. Il m’attend sagement. Je n’ai pas l’habitude d’un tel calme. Mais j’apprécie, ça me permet de rester concentrée. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, au bout d’un moment, je finis par lui dire cette phrase.
— Je suis contente que tu sois venu finalement.
C’est vrai après tout. Une fois la nuit tombée, se retrouver dans les bureaux quasiment tous déserts, ça me fiche la trouille. Le moindre grincement, claquement de porte ou bruit de pas dans ces longs couloirs interminables me fait bondir. Comme si un serial killer avait pénétré dans le bâtiment. Note à moi-même : faut que j’arrête de regarder Esprits criminels. Car, à part dans les sous-sols, peut-être, il n’y a pas un rat ici. Il sourit toujours.
— Je voulais te parler.
Aïe, nous y voilà enfin. Le malaise qui me retournait l’estomac tout à l’heure me revient. Je lui lance un regard qui veut dire que je sais de quoi il veut m’entretenir. Cette manie qu’ont les hommes d’avoir peur de la solitude, ça me défrise. Voilà, sa femme le quitte, il faut immédiatement qu’il la remplace. Comme s’il ne pouvait pas se débrouiller tout seul quelque temps.
— Je pourrais peut-être dormir chez toi ce soir.
J’ai envie de lui dire non. Non, on n’a jamais fait ça. Non, je ne veux pas que tu t’imposes dans ma vie sous prétexte que ta nana t’a lâché. Non, je ne veux pas être la prochaine que tu vas utiliser. Non, je ne veux pas.
— Bof.
Super comme réponse ma grande ! C’est fou ce que tu as l’air convaincue. La vérité, c’est que j’ai envie qu’il rentre avec moi. Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de m’endormir près de lui, sentir sa peau douce et chaude à mon réveil. Je voudrais voir ses yeux clairs posés sur moi, ce sourire au coin des lèvres, sa main qui caresserait ma joue, juste comme ça, sans rien dire, mais qui me ferait me sentir un peu plus importante que je ne le suis en réalité. Ça n’est encore jamais arrivé, avec personne.
— Tu remarqueras que j’ai dit dormir et pas coucher.
Ah ? Non, j’avais pas noté. Mais c’est vrai que ça fait une grande différence de vocabulaire. Et c’est pas moi qui vous dirais le contraire. Toujours très important, le choix des mots.
Alors ? Il veut venir chez moi pour dormir dans le salon ? Bon, ma vieille, il va falloir que tu t’instruises un peu. Depuis Cinquante nuances de Grey, visiblement, tu n’es plus à la hauteur. Je me sens déjà has been… En même temps, de quoi je me plains ? Ce n’est pas ce que je cherche, prendre de la distance ? Oui d’accord, mais je pensais que la distance en question serait plus large que celle entre mon lit et le canapé. Là, ça me fait bizarre. Je m’imagine dans le rôle du vieux machin qui t’héberge quand t’as des emmerdes.
— Regarde où toutes mes conneries m’ont menées. Je t’avoue, aujourd’hui, j’en mène pas large. Je réalise qu’il faut que je change et je crois que c’est la bonne occasion pour arrêter ce petit jeu stupide. Et ce code couleur à la con… T’es pas ma chose quand même !
Tout de suite les grands mots ! Je l’aime bien moi, ce petit jeu, et ce code couleur à la con. C’est ma trouvaille, je la revendique haut et fort ! Qu’on se le dise. Non, mais qu’est-ce qu’il va me dire maintenant ? Je veux officialiser ? Oh mon Dieu ! Tout mais pas ça. Je l’aide à relativiser.
— Tu m’as jamais considérée comme telle.
C’est vrai depuis tout à l’heure, je vous en sors des vertes et des pas mûres sur lui. Mais la vérité, c’est que ses défauts, je les connais et pourtant je les supporte depuis cinq ans. Et que nos soirées, ce ne sont pas que des coucheries. Il a souvent été là quand j’avais besoin de lui et moi pareil. Je ne l’ai pas choisi au hasard pour être le père de mon enfant. J’aimerais même bien qu’il lui ressemble un petit peu (surtout physiquement, ne nous le cachons pas).
— Je t’aime, Sophie.
Celle-là je m’y attendais pas. Je m’étouffe presque avec la pizza. Il me dit ça comme ça, sans prévenir, entre deux bouchées. Il ne se démonte pas, il continue même son explication. Il n’a même pas l’air gêné alors que moi, je ne sais plus où me mettre. Quand j’y pense, s’il pouvait pénétrer mon cerveau et découvrir tout ce qui me passe par la tête, je crois qu’il n’aurait pas fini d’être surpris !
— J’ai bien réfléchi. Tu connais tout de moi. Tu me connais même mieux que ma femme.
Il a raison mais je ne vois pas où il veut en venir. Il veut une colocation entre sex friends ? Un plan à quatre ? (faut pas oublier les deux autres maîtresses) Ou… que je tienne la chandelle ? Il continue.
— Les autres, je les ai toutes quittées mais toi, c’est différent. J’ai pas envie de te perdre.
Ouh la la… Il faut vraiment que je le calme dans ses ardeurs.
— T’as pas l’impression que t’en fais un peu trop là ?
— Ben si, justement ! J’abuse de toi. Alors à partir de maintenant, on devrait arrêter de coucher ensemble, rester seulement des amis. Comme ça, plus d’ambiguïté entre nous. Ce serait plus sain, non ?
Je ne suis pas sûre de comprendre. Au moment où il pourrait en profiter, il décide de faire le moine. Et après, on critique la logique féminine. Il doit y avoir un raisonnement sensé à ses élucubrations mais je ne vois vraiment pas lequel. Je m’en fous. Je suis heureuse. J’étais complètement à côté de la plaque.
— Bon, puisqu’on est en train de se faire des confidences, il faut que je te dise quelque chose aussi.
Il sourit encore, me prend la main.
— Je t’écoute.
J’hésite. Je doute qu’il trouve que devenir le meilleur pote de la mère de son enfant soit très équilibré comme situation. Et je suis sceptique aussi sur le fait qu’il apprécie que je lui ai menti sur toute la ligne. Tant pis, je continue.
— Je t’aime bien aussi, Marc.
Oui, je suis une grande froussarde. Non, je n’ai pas le courage. Après tout, je trouve que ce n’est pas le jour pour lui annoncer la nouvelle. On y pensera plus tard. Parfois, il faut juste prendre la vie comme elle vient. Parce que je ne sais pas dans quelle barque elle nous emmènera mais à cet instant précis, je me sens bien. Et au suivant, on ne sait jamais et le passé est déjà presque loin. Alors je ferme les yeux. Et lorsque je les rouvre, nous sommes à Budapest, le temps d’un week-end. Ou plus, si affinités. For you, you… I’d leave it all.


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